Perdus dans les champs - Lost in the fields

PERDUS DANS LES CHAMPS

Texte originel de Maître Serge Augier

Il est important dans une recherche personnelle de ne pas se perdre dans la technicité de l’enseignement et de savoir garder ses vrais buts devant soi.

Quelle que soit la Voie, elle propose des techniques de progression pour réussir son évolution: il est possible de se retrouver à parfaire les techniques de son école en oubliant sa propre progression.

Il n’est pas besoin d’être un bon représentant de son école pour être un bon pratiquant, il n’est pas besoin d’être un bon pratiquant pour être heureux et être heureux ne demande qu’une bonne connaissance de soi et de son monde… Ce qui est expliqué dans sa Voie.

Quels sont les facettes de la découverte de soi ?

Il y a le corps qui se doit d’être fermement enraciné dans la réalité du physique, qui doit être détendu et souple, tout en restant fort et durable. Un corps qui se doit d’être le plus possible en liaison avec son souffle et son esprit. C’est le travail du corps.

Il y a le souffle qui est en liaison avec les émotions, qui doit circuler librement pour que tout aille bien. La prise de conscience de cette circulation générale permet sa fluidité. C’est le travail du souffle.

Il y a l’esprit qui est moins connu que ce que nous croyons: le fait même de connaître son fonctionnement interne par expérience personnelle nous permet de mieux vivre avec notre esprit. Cet apaisement par la vigilance est le travail de l’esprit.

Donc, il faut se bouger un peu (en tout cas avec conscience), respirer avec attention et se regarder penser… et c’est tout!

Toutes les techniques avancées ne sont que des moyens pour toucher ces qualités d’une manière ou d’une autre…les techniques doivent être dépassées pour être utiles. Aucune pratique qui repose sur une technique n’est à son stade final, l’aboutissement doit toujours être dans le naturel, dans le vivant, dans le simple.

Mais c’est un naturel éduqué, travaillé, poli.

Attention à la recherche de la technique secrète ou avancée ou encore à la focalisation sur l’outil plutôt que sur le but: la Voie est longue, il n’est pas utile de la rallonger ou de lui ajouter des chemins de traverse.

Revenez au simple, comprenez le piège de la technique secrète et libérez vous de l’attente du caché… Il n’existe pas: ce qui est caché dans votre pratique est quelque chose qui est déjà devant vous et que vous n’avez pas encore compris.

C’est là l’utilité du maître.

En effet, si tout est si simple, pourquoi ne pas faire un séminaire d’une heure et tout dire clairement, tout le monde dit «ah oui, c’est donc ça» et il ne reste plus qu’à pratiquer dans son coin.

Le problème pour le.a pratiquant.e, c’est que ce qui se passe durant sa pratique va le.a distraire de sa Voie, un peu comme un simple d’esprit sur un sentier avec des papillons: il passe son temps à regarder, chasser et comparer les papillons au lieu d’aller où il est supposé aller. C’est pour cela que beaucoup de pratiquants isolés par choix ou par volonté de ne pas s’engager, vont devenir experts en papillons, perdus dans les champs, mais fermement persuadés de leur évolution. La grande force du simple d’esprit c’est la faiblesse de sa lucidité étayée par une grosse dose d’illusions diverses.

Le maître va le.a remettre sur le chemin, lui remontrer où il ou elle doit aller, écouter ses divagations avec patience, lui remontrer où il ou elle doit aller et le.a rassurer sur ses performances, en lui remontrant où il ou elle doit aller.

Retournons au travail important, au travail simple de sa réalisation et ne perdons pas notre Voie, notre chemin.

Le Professeur est la pour nous guider, mais nous faisons seul.e le chemin.

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LOST IN THE FIELDS

Original texte by Master Serge Augier

It is important, in a personal journey, not to get lost in the teaching’s technicality and to know how to keep our real goals in sight.

Whatever the Way, it offers progression techniques for a successful evolution: it is possible to end up perfecting the techniques of the school, forgetting our own progress.

There’s no need to be a good representative of one’s school to be a good practitioner, there’s no need to be a good practitioner to be happy and being happy only requires knowledge of oneself and of one’s world … Which is explained in one’s Way.

What are the facets of self-discovery?

There is the body which has to be firmly rooted in physical reality, to be relaxed and flexible, while remaining strong and long-lasting. A body which has to be connected to the breath and the spirit as much as possible. This is the practice of the body.

There is the breath which is linked with emotions, and has to move freely for everything to go well. The awareness of this general circulation enables its fluidity. This is the practice of the breath.

There is the spirit which is less known than we think: the very fact of knowing its internal mechanisms through personal experience allows us to live better with our mind. This appeasement coming from alertness is the practice of the mind.

So we have to move a bit (at least with consciousness), to breathe carefully and watch ourself thinking… and that’s all!

All the advanced techniques are only means to reach these qualities in one way or another … Techniques have to be overcome to be useful. Any practice which is based on a technique is not in its final stage, the result always has to be in the natural, the lively, the simple.

But it is a natural which is educated, worked, polished.

Be careful with the search of the secret or advanced technique or with focus on the tool rather than the goal: the Way is long, it is not useful to extend it or to add sideroads.

Return to the simple, understand the trap of the secret technique and free yourself from the expectations of the hidden … it doesn’t exist: what is hidden in your practice is something that is already right in front of you and that you haven’t understood yet.

This is where the master is useful.

Indeed, if everything is so simple, why not make a one hour seminar and say everything clearly, then everyone says “oh yes, so that’s it” and we just have to practice by ourself? .

The problem for the practitioner is that what happens in their practice will distract them from their path, a little bit like a fool walking on a path full of butterflies: they spend their time watching, hunting and comparing the butterflies instead of going where they are supposed to go. This is why many practitioners, isolated by choice or by the will not to commit, will become experts in butterflies, lost in the fields, but firmly convinced of their evolution. The great strength of the fool is the weakness of their lucidity supported by a fair amount of various illusions.

The master will put them back on the path, show them again where to go, patiently listen to their ravings, show them again where they have to go and reassure them about their performance, while showing them, again, where to go.

Let’s go back to the important work, the simple work of self-accomplishment and let’s not lose our Way, our path.

The teacher is here to guide us, but we walk on the path by ourself.

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